Auteurs : Diane Ducasse x Charlotte Felbacq
Interview DA/DA : concilier notoriété et moyens limités
A l’occasion de notre premier #clubhouse, Nestore a mis en lumière la créatrice Diane Ducasse, fondatrice de DA/DA. DA/DA, Diane Ducasse, vous avez sûrement dû en entendre parler, elle a sorti sa première collab’ avec Monoprix en février 2021. Et elle pose ses valises chez Nestore 🐣, au LAB des Blancs Manteaux du 12 février au 22 février 2021.
Dada, c’est quoi l’origine ?
J’ai créé ma marque du jour au lendemain. J’ai toujours été attirée par la mode, et j’ai eu envie de créer mes propres vêtements : des vêtements qu’on puisse dépareiller, où l’on se sent à la fois élégante, qu’on puisse porter tous les jours ou pour des occasions spéciales. Je portais beaucoup de vêtements des hommes de mon entourage. J’ai eu envie que la balance s’inverse, qu’eux aussi désirent nos gardes-robes.
C’est pour ça que j'utilise beaucoup de tissus masculins. Je repars de zéro, en m’inspirant des codes de l’homme, en passant par des tailleurs par exemple. J’aime bien la touche japonisante, que je trouve très moderne. Ce sont des coupes pures avec lesquelles on peut s’amuser. Ma créativité passe aussi par les couleurs, dans le but d’apporter de la bonne humeur à travers ces vêtements. J’ai une forte ambition de faire aussi des vêtements durables, intemporels, à la cool.
Dada est née sur le digital, mais je l’ai vite couplée avec une stratégie physique, étant quelqu’un qui a besoin de mettre un visage sur les gens, de rencontrer mes clients. Cela me tenait à cœur.
Quelles sont tes plus grandes frustrations en tant que créatrice ?
Des frustrations, on en a toujours et encore plus lorsqu’on est entrepreneur. L’événement Monoprix a justement été très riche en apprentissage à ce sujet. J’ai l’impression d’avoir enfin fait mon boulot, puisque j’ai pu me centrer sur la créativité. Au quotidien, je passe en réalité peu de temps à la création.
J’aimerais faire des collections capsules, mais je travaille seule avec une stagiaire. Je suis bien entourée - un bureau de presse, un modéliste, un atelier parisien et une comptable - mais il me reste peu de temps à consacrer à la création. A un moment, j’ai pris conscience que j’avais créé une entreprise et que je n’étais plus styliste. Et quand on crée son entreprise, le temps défile à toute allure. J’ai un an de retard sur pas mal de projets. De l’extérieur, ça marche, notamment grâce à la presse, mais au quotidien le manque de temps se fait énormément ressentir.
Monoprix m’a montré ce que pourrait être ma vie si j’avais une vraie équipe. C’était dingue et boostant. La collab’ a été un an et demi de création, avec une équipe géniale, jeune et dynamique. J’avais peur que les clients soient réticents, mais ça a été très bien reçu.
La créativité, ton dada, mais comment tu gères tes journées ?
La créativité est un trait de ma personnalité qui ressort énormément à travers mes collections. Et j’y tiens, c’est important pour moi d’être naturelle, transparente et de laisser parler mes envies. Cela s’exprime et se ressent à travers mes vêtements, un peu comme étant mon identité de marque.
Côté organisationnel, je fonctionne beaucoup avec l’instinct, j’ai du mal à me projeter sur du long terme et j’agis un peu trop au jour le jour. Heureusement j’ai la capacité de prendre les opportunités qui arrivent et je ne me mets pas de barrières. Étant très curieuse, j’ai tendance à tout vouloir faire et à ne pas me mettre de limites. La peur de la charge de travail est loin de moi.
En parallèle, je continue mes missions freelance, cela me permet de sortir la tête du guidon. Et je suis plus organisée pour les autres que pour moi. Avec Monoprix, j’avais des deadlines, je devais prendre des décisions, c’était très encadré et ça allait vite. Cela me donnait un fil conducteur et me permettait d’avoir un peu plus de visibilité quant à mes objectifs.
Si tu avais une baguette magique, que ferais-tu ?
L’idéal pour que je puisse m’épanouir au quotidien serait d’avoir une personne avec un profil plus CEO/business afin qu’elle m’apporte un soutien dans les tâches administratives, l’organisation et la vision long terme. Un associé serait l’occasion pour moi de laisser ma créativité s’exprimer.
L’enjeu est aussi de simplifier le parcours-client. Les gens ont besoin de voir les produits ; le fait d’avoir un showroom, et non une boutique, n’est donc pas toujours évident. Je songe à avoir une boutique et continuer à avoir des pop-up stores, notamment à l’étranger où ça marchait très bien.
Comment s’est passée la démarche avec Monoprix ?
Très simplement. Je dessinais les collaborations pour une marque, et c’est lors d’une journée presse que j’ai échangé avec un contact professionnel. Ça a été très fluide.
On me dit beaucoup que je fais un style très parisien, mais je ne me sens pas proche d’un style très élégant aux couleurs sombres. J’essaie toujours de faire un compromis entre lâcher-prise et tenue distinguée. J’ai envie que les gens se sentent à l’aise avec mes vêtements, habillés et décontractés. J’ai le sentiment qu’avec Monoprix, les gens ont aperçu une part de mon univers plus colorée, moins élégante et classique.